Accueil du site > Militer > La parole aux grévistes de la Poste (...)
logo

La parole aux grévistes de la Poste de Thuir...

Nos camarades ont rencontré vendredi 20 mars Rachel, Sylvie et Ghislaine (postières à Thuir), ainsi que Jean-Michel (Sud-PTT) et Christiane (CGT-FAPT), qui leur ont donné l’interview reproduite ci-dessous.

Trois non-grévistes, sortis du centre, venaient d’agresser les grévistes et leurs soutiens qui étaient sur le trottoir devant la Poste. Une plainte à la gendarmerie a été déposée pour agression physique.

Le lendemain, samedi 21 mars, une manifestation de solidarité avec les factrices et et facteurs de Thuir rassemblait près de 200 personnes,malgré une pluie battante. Nouvelle preuve, si besoin était, du soutien populaire que rencontre leur lutte courageuse depuis bientôt deux mois et de l’attachement des usagers au service public que droite et PS continuent de vouloir brader pour le plus grand profit de la finance capitaliste.

Nous rappelons les coordonnées pour la solidarité financière : Envoyer un chèque à l’ordre de Sud Poste 66 ou de la CGT FAPT 66 (avec la mention « Solidarité Thuir » au dos) au 2 boulevard Poincaré 66100 Perpignan.

Et maintenant… la parole aux grévistes !


Pouvez-vous nous rappeler les raisons de votre grève ?

  • La direction a annoncé la fermeture et la délocalisation du centre courrier de Thuir sur 3 sites (Millas, Toulouges, Saint-Génis-des-Fontaines). On sera donc obligés de rejoindre les autres centres de courrier pour préparer notre tournée et, ensuite, de revenir sur Thuir pour faire notre tournée. Donc plus de trajet, plus de risques d’accident, plus de fatigue…
  • Une « proposition » alternative, encore pire, nous a été faite si nous ne voulions pas aller sur les autres centres : nous fournir notre tournée toute prête et nous faire distribuer le courrier tous les jours (y compris le samedi) pendant 6 heures d’affilée…

Pourquoi la direction de La Poste veut fermer le centre de Thuir ?

  • Elle veut réaliser une opération immobilière et faire des économies sur la ligne budgétaire transports. Et casser le collectif.

Et vos revendications ?

  • Contre la fermeture du centre et le maintien de toutes les activités. La direction argumente comme quoi ce serait mieux. En fait, pour nous, il faudrait s’adapter au nouvel environnement des autres centres sachant que dans quelques mois ces centres seront eux aussi réorganisés et donc rebelote ! Non seulement les facteurs de Thuir auront été délocalisés mais en plus devront encore s’adapter à d’autres changements.
  • C’est une politique de rentabilité de La Poste qui va à l’encontre du service public. On aime notre métier. On a le sentiment d’être utile – le lien social qui se crée avec les usagers. Pour certains, le facteur, la factrice, est la seule personne qu’ils voient dans la journée.
  • Beaucoup de choses que nous faisions naturellement dans le cadre de notre travail nous est interdit maintenant parce La Poste veut les facturer !
  • Et quand on est en retard parce qu’on passe un peu plus de temps dans la distribution du courrier, on nous dit qu’on ne gère pas bien notre temps de travail !
  • On travaille 6 jours sur 7, pour un salaire de base de 1200 euros ! Si on n’a pas la satisfaction de faire bien notre travail et que l’on sert à quelque chose, comment peut-on tenir !
  • En fait c’est tout le lien social qui est en train de se briser. la direction de La Poste veut faire des bénéfices, nous nous nous battons pour l’humain

Que répond la direction à vos revendications ?

  • La direction ne veut pas discuter des revendications des grévistes, elle s’en tient à ses propositions en disant que les postiers n’ont pas à se mêler de la stratégie de La Poste
  • On a eu plusieurs rencontres qui n’ont rien donné. Y compris, le 26 février, une réunion tripartite avec la DIRECCTE, la Préfecture et la responsable régionale du service courrier.
  • Les grévistes ont fait constater par la DIRECCTE que la direction de La Poste ne respecte pas le Code du Travail et a embauché des intérimaires sur les postes des grévistes. Ils ont poussé le cynisme jusqu’à embaucher des intérimaires dans le délai des 5 jours de préavis de grève et de les faire former par les facteurs qui sont en grève aujourd’hui !
  • Les négociations sont bloquées. On va proposer que la directrice régionale du courrier soit en direct sur les négociations en présence d’un médiateur

« Lutter ou subir – il faut choisir », dit votre tract qui appelle à la manifestation de soutien de demain [samedi 21 mars] Vous avez manifestement choisi. Près de deux mois de grève, c’est long et dur. Comment tenez-vous ?

  • Grâce à la solidarité. D’abord à la solidarité financière. On a constitué une caisse de lutte conséquente. Nous recevons beaucoup de dons de la population à Thuir et ailleurs, qui est très solidaire de notre grève. Avec les syndicats. On vend des teeshirts, de la paella, sur le marché de Thuir…
  • On tient aussi grâce à notre unité. Chaque matin, on se réunit en AG pour décider en commun quoi faire. Nous ne prenons de décision que si elle fait l’unanimité.

Et les autres centres et bureaux ?

  • On s’est rendus dans plusieurs plateformes courrier du département. Certains ont fait quelques jours de grève avec nous. Quand on s’est rendu à la direction régionale à Montpellier, il y avait là des collègues de Lunel [34] eux aussi en grève.
  • On est aussi allés soutenir les cheminots en grève…

Quel soutien attendez-vous ?

  • Populariser notre lutte, nous rejoindre au piquet de grève du samedi à partir de 7h et nous soutenir financièrement

- On est convaincus que nous menons un combat juste, pour tous, pour la défense du service public et contre la logique de rentabilité que veut nous imposer la direction… Nous battons pour nos enfants, pour préserver les rapports humains.

  • … Et on ne s’est pas battu pendant huit semaines pour rien, c’est une question de dignité !

Merci !


Mots-clés

dans la même rubrique

FANCH SPIP Nous contacter | | Plan du site | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0 Creative Commons License