Lundi 9 juillet, le préfet des Pyrénées-Orientales envoyait sa police évacuer sans ménagement les migrant-e-s (hommes, femmes et… enfants) du bâtiment désaffecté, appartenant au Conseil départemental (CD), qu’ils/elles occupaient depuis plusieurs jours. Une évacuation scandaleuse à la demande de la présidente « socialiste » (sic) du Conseil départemental 66, Mme Hermeline Malherbe.
Le lundi suivant, à l’appel du Comité de soutien 66 aux sans-papiers, une quinzaine de personnes étaient présentes dans le public, à l’occasion de la dernière session (avant les vacances estivales) du Conseil départemental pour protester, dans le calme avec pancartes, contre cette expulsion, bien dans la continuité de la politique du défunt gouvernement Hollande-Valls-Macron dont le PS 66 n’a jamais eu aucun état d’âme à se faire le partisan et le relais.
Les protestataires imposèrent la lecture de la déclaration du Comité de soutien (lire ci-dessous) en début de séance du CD… « afin que l’on en soit débarrassé », déclara avec un mépris fort peu démocratique Mme Malherbe. La même les ayant accusés de mensonges (et ayant refusé que Françoise Fiter, élue du PCF au CD et membre de la majorité au CD, prenne la parole), ils ont quitté la salle du conseil, suivis par les trois élu-e-s PCF, dont le vice-président du CD, Nicolas Garcia. Une salle qu’ils regagneront peu après, l’opposition de droite menaçant de faire annuler la séance faute de quorum. Selon le journaliste de L’Indépendant présent, les élus du PCF expliqueront que s’ils « n’[ont] pas le même point de vue sur cette expulsion que [leur] collègue PS », « la majorité [PS-PCF] est suffisamment solide pour diriger » le Conseil départemental (L’Indépendant, 17 juillet 2018).
Le Comité de soutien 66 aux sans-papiers communique :
Lundi 9 juillet vers 14h la police a procédé à l’expulsion d’une vingtaine de réfugiés, dont plusieurs enfants, installés par nos soins depuis largement plus de 48 heures dans le bâtiment situé 10 rue du théâtre à Perpignan. Nous l’affirmons et nous pouvons le prouver. Nous l’avons soutenu auprès des agents de la force publique venus sur les lieux à deux reprises samedi et dimanche. Ces policiers nous avaient assuré que, suite à cette occupation, la procédure légale serait respectée. En effet, conformément à la loi, les personnes étaient reconnues comme domiciliées dans ce lieu et ne pouvaient être contraintes de le quitter que par décision d’un juge saisi par le propriétaire, en l’occurrence le Conseil départemental. La préfecture a donc pris la responsabilité d’une violation de domicile.
Cet abus de pouvoir est intolérable. L’illégalité de cette intervention est manifeste. Au surplus, la police, venue en nombre, après avoir bloqué la rue du théâtre et nous avoir interdit de nous rendre sur les lieux, a procédé à l’évacuation sans ménagement et sans égard pour les enfants. Une personne a d’ailleurs fait un malaise et a été évacuée par le pompiers vers les urgence de l’hôpital de Perpignan.
Cette intervention a eu l’aval, voire a été sollicitée par la présidente du Conseil départemental, Hermeline Malherbe. En portant plainte pour « intrusion par effraction et occupation illégale », elle a encouragé la préfecture à faire procéder à cette expulsion. Cette collusion de fait est inadmissible.
Il est incroyable que la responsable d’une collectivité de gauche ait fait l’impasse sur la dimension humaine de la situation. Qu’elle n’ait pas pris en compte le fait que les personnes domiciliées au 10 rue du Théâtre étaient déjà bien assez traumatisées pour avoir dû fuir des pays où elles étaient gravement menacées.
La prise en charge partielle des personnes dès leur sortie des lieux, par l’ACAL, mandatée par la préfecture, aurait pu se faire de façon concertée et apaisée, si la présidente du CD avait bien voulu nous contacter alors que nous l’avions informée par un courriel daté du samedi 7 juillet à 12h. C’est cette façon de procéder, si peu conforme aux valeurs de gauche dont veut bien se réclamer le CD, qui provoque notre réprobation et notre colère.
(Lundi 16 juillet 2018)