Reproduite ci-dessous la déclaration du Collectif droits des femmes des Pyrénées-Orientales (CDDF 66), auquel le NPA 66 (Catalogne nord) participe activement.
Un vent mauvais souffle pour les femmes aux États-Unis. Malgré leur mobilisation massive, la Cour suprême des USA, sous l’influence des ultra-réactionnaires du Parti républicain menés pas Trump, a révoqué ce 25 juin l’arrêt Roe vs Wade de 1973 qui avait ouvert la voie à la légalisation de l’avortement aux États-Unis, offrant une victoire historique aux républicains et religieux conservateurs qui veulent limiter ou interdire ce droit ; d’ores et déjà, plusieurs États l’ont malheureusement mis en pratique. Cette attaque contre ce droit obtenu de haute lutte dans les années 70 montre à quel point ces conquêtes démocratiques pour le droit des femmes est fragile et peut être remis en cause à chaque moment dès que la réaction la plus crasse et l’obscurantisme religieux se sentent le vent en poupe. De l’Afghanistan à la Pologne en passant par les États-Unis, l’appropriation du corps des femmes est leur obsession, leur étendard. C’est pourquoi nos combats et notre solidarité ne doivent jamais cesser : Féministes tant qu’il faudra ! Honte à ces talibans américains, neuf vieux bonhommes blancs obscurantistes qui s’octroient le droit de décider du sort de millions de femmes ! Tout notre soutien aux femmes américaines et à toutes celles qui par le monde luttent aujourd’hui pour leurs droits !
Cette expression-là plus brutale de l’affirmation du patriarcat s’affiche partout, même dans les pays où pour l’instant ces droits ne sont pas encore menacés. Pour preuve, en janvier 2022 a été élue à la tête du parlement européen Roberta Metsola, une députée maltaise farouchement anti-avortement, sans parler ici des Zemmour et autres fantassins de la « Manif pour tous ».
Certes à l’occasion de cette élection au parlement européen, Emmanuel Macron s’est fendu d’une déclaration pour inscrire le droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Évidemment, une posture de pur affichage puisque son groupe parlementaire européen a voté pour la présidence [de Roberta Metsola]. De plus aujourd’hui Macron retourne sa veste et déclare regretter la « remise en cause » par la Cour suprême des États-Unis des libertés des femmes, soulignant que « l’avortement est un droit fondamental pour toutes les femmes », son groupe souhaitant même proposer une loi sur l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Alors qu’en 2018 son groupe LREM avait refusé la proposition de LFI allant dans ce sens ! Encore un coup de pub, et c’est surtout une déclaration d’intention de pure hypocrisie, dont peuvent témoigner les femmes andorranes dont le président français est le co-prince d’Andorre.
En effet dans ce petit État coincé entre deux grands pays, l’Espagne et la France où les femmes ont arraché, grâce à leurs luttes acharnées, le doit à l’avortement, et qui sert surtout de paradis fiscal à toute la mafia financière, ce droit élémentaire de disposer de leur corps est refusé aux femmes, et les militantes qui défendent cette cause sont menacées de prison ! Cette législation moyenâgeuse dictée par l’obscurantisme religieux, et maintenue par la décision sans appel de l’autre co-prince, l’évêque d’Urgel, sans qu’E. Macron ni aucun président de la République antérieur ne s’y soit opposé, contraint au moins 150 femmes chaque année à se rendre dans les pays voisins pour bénéficier d’une IVG ; un « privilège » auquel toutes n’ont pas accès étant donné les frais nécessaires (entre 600 et 1 000 euros à donner en liquide à la clinique) à cette intervention, sans parler de toutes celles qui, faute de moyens, subissent des grossesses non voulues ou meurent suite à des fausses couches dont bien sûr on tait l’existence. Cette ignominie doit cesser !
Nous exigeons que le Président de l’État français, en qualité de co-prince d’Andorre, use de ses pouvoirs — et il en a — pour que les mêmes droits soient accordés aux femmes françaises et andorranes ! Nous réclamons que toutes les poursuites contre les militantes féministes pro-avortement soient levées !